Par ailleurs, le poids des sociétés multinationales dans les flux financiers a depuis longtemps dépassé celui des états.
A
dimension transnationale, plus riches que les états, mais aussi
principales sources de financement des partis politiques de toutes
tendances et dans la plupart des pays, ces organisations sont de fait
au dessus des lois et du pouvoir politique, au dessus de la démocratie.
Voici
une liste des chiffres d'affaires de certaines multinationales,
comparés avec le PIB des états. Elle en dit long sur la puissance
planétaire que ces sociétés sont en train d'acquérir.
Une puissance toujours plus démesurée, du fait de l'accélération des fusions entre multinationales.
Chiffres d'affaires ou PIB, en milliards de dollars (1992)
General Motors 132,4
Indonésie 126,4
Danemark 123,5
Exxon (Esso) 115,7
Norvège 112,9
Afrique du Sud 103,6
Ford 100,1
Turquie 99,7
2
L'illusion démocratique
La démocratie a déjà cessé d'être une réalité.
Les
responsables des organisations qui exercent le pouvoir réel ne sont pas
élus, et le public n'est pas informé de leurs décisions.
La
marge d'action des états est de plus en plus réduite par des accords
économiques internationaux pour lesquels les citoyens n'ont été ni
consultés, ni informés.
Tous ces traités élaborés ces
cinq dernières années (GATT, OMC, AMI, NTM, NAFTA) visent un but
unique: le transfert du pouvoir des états vers des organisations
non-élues, au moyen d'un processus appelé "mondialisation".
Une
suspension proclamée de la démocratie n'aurait pas manqué de provoquer
une révolution. C'est pourquoi il a été décidé de maintenir une
démocratie de façade, et de déplacer le pouvoir réel vers de nouveaux
centres.
Les citoyens continuent à voter, mais leur vote
a été vidé de tout contenu. Ils votent pour des responsables qui n'ont
plus de pouvoir réel.
Et c'est bien parce qu'il n'y a
plus rien à décider que les programmes politiques de "droite" et de
"gauche" en sont venus à tant se ressembler dans tous les pays
occidentaux.
Pour résumer, nous n'avons pas le choix du
plat mais nous avons le choix de la sauce. Le plat s'appelle "nouvel
esclavage", avec sauce de droite pimentée ou sauce de gauche
aigre-douce.
3
La disparition de l'information
Depuis le début des années 90, l'information a progressivement disparu des médias destinés au grand-public.
Comme les élections, les journaux télévisés continuent d'exister, mais ils ont été vidés de leur contenu.
Un
journal télévisé contient au maximum 2 à 3 minutes d'information
véritable. Le reste est constitué de sujets "magazine", de reportages
anecdotiques, de faits divers, de micro-trottoirs et de reality-shows
sur la vie quotidienne.
Les analyses par des journalistes spécialisés, ainsi que les émissions d'information ont été presque totalement éliminés.
L'information se réduit désormais à la presse écrite, lue par une minorité de personnes.
La disparition de l'information est le signe tangible que notre régime politique a déjà changé de nature.
4
La vraie réalité de l'argent
L'argent ne possède plus une base intangible comme du temps de l'étalon-or.
L'argent
est aujourd'hui essentiellement virtuel. Il a pour réalité une suite de
0 et de 1 dans les ordinateurs des banques. La majeure partie du
commerce mondial a lieu sans monnaie-papier, et seulement 10% des
transactions financières quotidiennes correspondent à des échanges
économiques dans le "monde réel".
Les marchés
financiers eux-mêmes constituent un système de création d'argent
virtuel, de profit non-basé sur une création de richesses réelles.
Grâce au jeu des marchés financiers (qui permet de transformer en
bénéfices les oscillations des cours), les propriétaires d'actions
peuvent être déclarés plus riches, par une simple circulation
d'électrons dans des ordinateurs. Cette création d'argent sans création
de richesses économiques correspondantes est la définition même de la
création artificielle de monnaie. Ce que la loi interdiT aux
faux-monnayeurs, et ce que l'orthodoxie économique libérale interdit
aux états, est donc possible et légal pour un nombre restreint de
bénéficiaires.
La masse monétaire mondiale est censée représenter la richesse des pays.
Elle est en réalité sous-dimensionnée par rapport aux ressources humaines et au potentiel d’activité et de développement.
Ce potentiel demeure inemployé uniquement parce qu’ « n’y a pas assez
d’argent », en d’autres termes parce que la masse monétaire est
sous-dimensionnées.
La
restriction artificielle de la masse monétaire constitue en réalité un
instrument de pouvoir, une justification de la concentration des
richesses entre les mains de certains, et de la réduction des autres en
esclavage.
5
Stratégies et objectifs pour le contrôle du monde
Les
responsables du pouvoir économique sont quasiment tous issus du même
monde, des mêmes milieux sociaux. Il se connaissent, se rencontrent,
partagent les mêmes vues et les mêmes intérêts.
Ils partagent donc tout naturellement la même vision de ce que devrait être le monde idéal futur.
Il
est dès lors naturel qu'ils s'accordent sur une stratégie et
synchronisent leurs actions respectives vers des objectifs communs, en
induisant des situations économiques favorables à la réalisation de
leurs objectifs, à savoir:
Affaiblissement des gouvernements. Déréglementation. Privatisation des services publics.
Désengagement
total des états de l'économie, y compris des secteurs de l'éducation,
de la recherche, et à terme de la police et de l'armée, destinés à
devenir des secteurs exploitables par des entreprises privées.
Précarisation
des emplois et maintien d'un niveau de chômage élevé, entretenu grâce
aux délocalisations et à la mondialisation du marché du travail. Ceci
accroît la pression économique sur les salariés, qui sont alors prêts à
accepter n'importe quel salaire ou conditions de travail.
Réduction
des aides sociales, pour accroître la motivation du chômeur à accepter
n'importe quel travail à n'importe quel salaire. Des aides sociales
trop élevées empêchent le chômage de faire pression efficacement sur le
marché du travail.
Empêcher la montée des revendications
salariales dans le Tiers-Monde, en y maintenant des régimes
totalitaires ou corrompus. Si les travailleurs du Tiers Monde étaient
mieux rémunérés, cela briserait le principe même des délocalisations et
du levier qu'elles exercent sur le marché du travail et la société en
occident. Ceci est donc un verrou stratégique essentiel qui doit être
préservé à tout prix.
La fameuse "crise asiatique" de 1998 a été déclenchée dans le but de préserver ce verrou.
6
Les attributs du pouvoir
Les
organisations multinationales privées se dotent progressivement de tous
les attributs de la puissance des états: réseaux de communication,
satellites (1), services de renseignements, fichiers sur les individus
(2), institutions judiciaires (établies par l'OMC et l'AMI, accord
grâce auquel une multinationale pourra traîner un état devant une cours
de justice internationale spéciale).
L'étape suivante
-et ultime- pour ces organisations sera d'obtenir la part de pouvoir
militaire et policier qui correspond à leur nouvelle puissance, en
créant leurs propres forces armées, car les armées et polices
nationales ne sont pas adaptées à la défense de leurs intérêts dans le
monde.
A terme, les armées sont appelées à devenir des
entreprises privées, des prestataires de services travaillant sous
contrat avec les états, aussi bien qu'avec n'importe quel client privé
capable de payer leurs services. Mais à l'étape ultime du plan, ces
armées privées serviront les intérêts des grandes multinationales, et
attaqueront les états qui ne se plieront pas aux règles du nouvel ordre
économique.
En attendant, ce rôle est assumé par l'armée des États-Unis, le pays le mieux contrôlé par les multinationales.
(1)
Au cours des cinq prochaines années, Microsoft va lancer 288 satellites
de communication qui constitueront le réseau TELEDESIC. D'autres
compagnies multinationales s'apprêtent à créer des réseaux de
satellites de communication similaires. Des satellites d'observation
privés sont également déjà en place. Deux sociétés commercialisent des
images à haute résolution de tout lieu de la planète susceptible
d'intéresser les acheteurs.
(2) De nombreuses sociétés
fondées ces dernières années (principalement aux États-Unis) sont
spécialisées dans la collecte d'informations individuelles,
officiellement à des fins commerciales. Mais ces fichiers privés
commencent à rassembler des millions de rofils individuels très précis
de consommateurs répartis dans l'ensemble des pays occidentaux. Les
informations de ces fichiers sont vendues à quiconque souhaite les
acheter.
7
Le point de non-retour écologique va être franchi
Il est évident que nous commençons à nous heurter aux limites écologiques de l'activité économique.
Un
système économique libéral, dont le but est la recherche du profit à
court-terme pour des intérêts particuliers, ne peut prendre en compte
les coûts à long-terme tels que la dégradation de l'environnement.
Les
modèles économiques actuels sont également inaptes à estimer à sa juste
valeur la "production" de la nature, indispensable à notre survie:
production d'oxygène, fixation du gaz carbonique par les forêts et les
océans, régulation de la température, protection contre les
rayonnements solaires, recyclage chimique, répartition des pluies,
production d'eau potable, production d'aliments, etc.
Si
nos modèles économiques intégraient le coût réel de la destruction de
la nature, de la pollution, des modifications climatiques, cela
changerait radicalement notre estimation de ce qui est "rentable" et de
ce qui ne l'est pas.
La production de la nature a été
évaluée à 55.000 milliards de dollars par an par un groupe de
scientifiques de l'Institute for Ecological Economics de l'Université
du Maryland en 1997.
8
La destruction de la nature est voulue
La disparition de la nature est inévitable, car elle est voulue par le nouveau pouvoir économique. Pourquoi?
Pour 3 raisons:
1-
La disparition de la nature et l'augmentation de la pollution vont
rendre les individus encore plus dépendants du système économique pour
leur survie, et vont permettre de générer de nouveaux profits (avec
notamment une consommation accrue de médicaments et de prestations
médicales...).
2- Par ailleurs, la nature constitue une
référence d'un autre ordre, celui de l'univers. La contemplation de la
beauté et de la perfection de cet ordre est subversive: elle amène
l'individu à rejeter la laideur des environnements urbanisés, et à
douter de l'ordre social qui doit demeurer la seule référence.
L'urbanisation
de l'environnement permet de placer les populations dans un espace
totalement controlé, surveillé, et où l'individu est totalement immergé
dans une projection de l'ordre social.
3 - Enfin, la
contemplation de la nature incite au rêve et intensifie la vie
intérieure des individus, développant leur sensibilité propre, et donc
leur libre-arbitre. Ils cessent dès lors d'être fascinés par les
marchandises, ils se détournent des programmes télévisés destinés à les
abrutir et à contrôler leur esprit. Délivrés de leurs chaînes, ils
commencent à imaginer une autre société possible, fondée sur d'autres
valeurs que le profit et l'argent.
Tout ce qui peut
amener les individus à penser et à vivre par eux-mêmes est
potentiellement subversif. Le plus grand danger pour l'ordre social est
la spiritualité car elle amène l'individu à bouleverser son système de
valeurs et donc son comportement, au détriment des valeurs et
comportements précédemment implantés par le conditionnement social.
Pour la stabilité du "nouvel ordre social", tout ce qui peut stimuler l'éveil spirituel doit être éliminé.
9
Les alternatives de la dernière chance
Pour
ne pas être définitivement exclus du jeu, les contre-pouvoirs au
pouvoir économique (syndicats, associations de consommateurs,
mouvements écologistes) doivent répondre en se plaçant sur le même
niveau d'organisation, au niveau mondial et non plus national, en
unifiant et en synchronisant leurs actions, à l'échelle de groupes
d'états pesant un poids suffisant dans les flux économiques mondiaux.
Il leur reste peu de temps pour réagir, car tous les éléments de
contrôle nécessaires à une future dictature mondiale sont désormais en
place.
10
2000 ans d'histoire
Durant
ces deux derniers millénaires, la civilisation sera passée par quatre
ères successives marquant quatre formes de pouvoir politique:
1 - L'ère des tribus
Pouvoir exercé selon la force (et plus rarement selon la sagesse ou la connaissance).
Comme chez les groupes d'animaux, le pouvoir revient au "mâle dominant".
2 - L'ère des empires et des royaumes
Pouvoir héréditaire. Naissance de la notion d'état.
3 - L'ère des états-nations
Ère
ouverte par la monarchie parlementaire en Grande-Bretagne en 1689, par
la révolution française en 1789, et par la fondation des États-Unis.
Dans
un état-nation, le pouvoir n'est plus héréditaire mais exercé par des
dirigeants censés représenter le peuple, et désignés par des élections
(état-nation démocratique), ou par un système de cooptation au sein
d'un parti unique (état-nation totalitaire).
4 - L'ère des conglomérats économiques
Ère initiée à partir de 1954, mise en place au cours des années 70 et 80, et pleinement opérationnelle à partir des années 90.
Le
pouvoir n'y est plus de type représentatif ou électif, et il n'est plus
localisé géographiquement (contrairement aux tribus, aux royaumes, et
aux états-nations).
Il est exercé directement par ceux
qui contrôlent le système financier et la production des marchandises.
Les instruments de ce pouvoir sont le contrôle de la technologie, de
l'énergie, de la monnaie, et de l'information.
Comme tout nouveau pouvoir, il s'érige en remplacement du pouvoir précédent, voué à disparaître.
Enfin, ce nouveau pouvoir est global, planétaire. Il n'a donc ni
alternative, ni échappatoire. Il constitue un nouveau niveau
d'organisation de la civilisation, une sorte de super-organisme.
La
résolution de problèmes à dimension planétaire passe effectivement par
l'avènement d'une forme de pouvoir global. De même, l'unification du
monde par l'économie et le déclin des états-nations ont été décidés en
partie pour une noble cause: rendre impossible une nouvelle guerre
mondiale qui, à l'ère atomique, signifierait la fin de la civilisation.
Mais la question est de savoir au service de quels
objectifs et de quels intérêts ce pouvoir global doit-il être, par qui
doit-il être exercé, et par quels contre-pouvoirs doit-il être contrôlé
et équilibré.
REFLEXIONS SUR LA NOTION DE POUVOIR
"En
politique, rien n'arrive par hasard. Chaque fois qu'un évènement
survient, on peut être certain qu'il avait été prévu pour se dérouler
ainsi."
Franklin D. Roosevelt
Président des Etats Unis de 1932 à 1945
"Le
monde se divise en trois catégories de gens: un très petit nombre qui
fait se produire les événements, un groupe un peu plus important qui
veille à leur exécution et les regarde s'accomplir, et enfin une vaste
majorité qui ne sait jamais ce qui s'est produit en réalité."
Nicholas Murray Butler
Président de la Pilgrim Society, membre de la Carnegie, membre du CFR (Council on Foreign Relations)
"Nous
aurons un gouvernement mondial, que cela plaise ou non. La seule
question sera de savoir si il sera créé par conquête ou par
consentement."
Paul Warburg
Financier, membre du CFR (Council on Foreign Relations)
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