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L'observatoire de L'immo
8 août 2007

Crise Financiere Globale : La fin du capitalisme sauvage a commencee

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L’avidité devient anxiété : l’effondrement du château de cartes financier
6 août 2007 - 18:25

 

Par Helga Zepp-LaRouche

L’effondrement de l’ensemble du système financier international était en préparation depuis longtemps, et avec l’effondrement du marché hypothécaire subprime des Etats-Unis, il est désormais enclenché. Les turbulences ont commencé avec la faillite de deux hedge funds appartenant à la banque d’investissement Bear Stearns, puis se sont propagées à tous les marchés internationaux et aux institutions financières d’Allemagne, de France, de Grande Bretagne et d’Australie. Et ce n’est que le début.

Alors que la plupart des médias dans le monde dissimulent la réalité, la quasi-faillite de la « banque de crédit industriel » allemande IKB en a forcé certains en Allemagne à reconnaître la situation. Jochen Sanio, le président de l’agence de régulation des banques allemandes (Bafin) a admis quelques minutes avant que la crise d’IKB soit déclarée hors de contrôle, qu’il s’agissait de la « pire crise bancaire en Allemagne depuis 1931 ». D’après le Sueddeutsche Zeitung, l’ « ensemble du système bancaire allemand » était en danger, et c’est la raison pour laquelle le gouvernement allemand et la banque de Crédit d’Etat pour la Reconstruction ont lancé une opération de sauvetage temporaire d’IKB à hauteur de 8,1 milliards d’euros.

Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, de nombreux organismes hypothécaires américains comme American Home Mortgage sont en détresse. Une des causes vient de ce qu’on appelle les « hypothèques ajustables » par lesquels l’acheteur peut acquérir un bien immobilier qui vaut plus cher que sa capacité de paiement, mais dans lesquels les taux d’intérêts sont bas pendant environ deux ans, puis sont automatiquement rehaussés par la suite. Lorsque le taux maximal s’applique, les mensualités augmentent de plusieurs centaines de dollars. Ce marché des hypothèques « subprime » a atteint son apogée au printemps 2005, d’où des remontées de taux massives en ce moment.

En tout et pour tout, les hausses de taux d’intérêts sur les hypothèques ajustables concernent 12 % des hypothèques des Etats-Unis, ce qui augmente l’ensemble des paiements de 1000 milliards de dollars. Rien que pour octobre, les paiements d’hypothèques vont bondir de 50 milliards, et à ce stade là, lorsque toutes les catégories d’hypothèques seront menacées d’infections, le bain de sang des subprime passera pour une égratignure à comparer. Selon Moody’s Economy.com, entre 1995 et 2005, environ 3 millions de ménages ont acheté des maisons sur la base de reprises d’hypothèques ou assimilées, et on s’attend à ce que 2 millions d’entre eux perdent leurs maisons dans les mois à venir. Et ce n’est que la situation pour l’immobilier. L’afflux de maisons à vendre a provoqué un effondrement des prix de l’immobilier, qui conjugué aux positions désormais instables des institutions financières, va rendre plus difficile l’obtention de nouvelles hypothèques. L’effet sur l’économie réelle, notamment par le biais des emplois dans la construction, sera catastrophique.

Bien plus dramatique que cette situation elle-même, c’est que cet effondrement a été accéléré par un autre processus aux conséquences bien plus graves, c’est l’assèchement de l’argent pas cher avec la fin du yen carry trade japonais. Sa fin coupe net la merveilleuse source de liquidités qui a permis aux investisseurs d’emprunter des yens à leur avantage pendant des années avec un taux d’intérêt nul, pour aller ensuite investir dans des secteurs et des régions du monde où les taux d’intérêts sont plus hauts. L’abondance de liquidités provenant de cette source s’est élevée à 500 000 milliards de dollars, tellement abondante qu’elle a été fermée. Face aux taux d’intérêts à la hausse, les spéculateurs ayant emprunté du Yen peu cher et qui ont subi des pertes sur le marché américain des hypothèques et dans les hedge funds, recherchent désespérément à transformer leurs investissements en cash pour rembourser leurs emprunts en yen, ce qui provoque une appréciation du yen et qui aggrave les pertes des spéculateurs. Le levier inversé qui mène droit à l’effondrement de la pyramide spéculative fonctionne à plein régime.

En fait, les banques et les institutions financières souffrent actuellement d’un reflux. Pendant que la vague des rachats par les hedge funds et les privates equity funds a atteint dernièrement des dimensions jamais vues auparavant - dans le premier semestre 2007, les hedge funds ont racheté pour 2300 milliards d’entreprises - ils sont assis sur une montagne de dettes de 1500 milliards dont un pan entier menace de devenir insolvable. Dans la panique, les institutions de crédit essayent de faire disparaître ces créances de leurs comptes d’ici la fin de l’année, sans quoi ils ne pourraient plus poursuivre leurs opérations. La lune de miel est définitivement terminée pour le marché des fusions/acquisitions.

Des analystes de Crédit Suisse avertissent que les banques ont de grandes difficultés à vendre de nouvelles obligations, mais s’ils n’en vendent plus, l’approvisionnement en crédit des hedge funds et autres acteurs financiers sera coupé, ce qui conduira à des liquidations en chaîne, soit en d’autres termes, un crash.

Nous assistons en ce moment au début d’explosion de la plus grande bulle de liquidités de l’histoire des marchés financiers. Lyndon LaRouche avait repéré et dénoncé ce phénomène à la naissance, lorsqu’il vit l’intervention de Nixon le 15 août 1971 avec le démantèlement du système à taux de change fixe, la séparation du dollar de la réserve or, puis la création du marché de l’eurodollar, avec de surcroît l’émission privée de crédit qui a lancé une dynamique ne pouvant que mener à une nouvelle dépression.

Alan Greenspan, à qui revient le crédit (douteux) d’avoir construit ce système, restera à jamais dans l’histoire sous le nom de « M. Bulle », responsable de cette explosion de l’économie casino. Suite au krach boursier de 1987, un krach similaire sous certains aspects au vendredi noir de 1929, il a eu la glorieuse idée d’inventer des « instruments financiers créatifs ». On trouve entre autre dans cette catégorie, les dérivés de crédit. En 1998, le volume des dérivés de crédit était de 180 milliards de dollars. Lorsqu’en septembre de cette même année, dans le contexte de la crise des GKO et de la faillite de l’Etat russe, le hedge fund LTCM menaçait de tomber en banqueroute, les nations du G8 décidèrent de mettre en place une énorme pompe à fric. En 2006, le volume des ces « super armes » de transactions financières, ce qu’on connaît aujourd’hui sous le nom de Collateralized debt obligations (CDO - des obligations constituées de paquets de titres de créances), ont atteint la somme vertigineuse de 3 000 milliards de dollars.

Grâce à ces nouveaux instruments, les banquiers ont constitué des paquets de « risques de crédit » émanant de toutes sortes de débiteurs, qu’ils divisent en différentes classes de risque et revendent en tranches aux investisseurs. Ceux qui défendent ce type de pratiques disent que les hedge funds jouent un rôle positif parce qu’ils diffusent les risques sur une multitude d’acteurs. Ce système a toutefois une faille évidente : tant que les prix de l’ensemble des actifs financiers grimpent, tout marche très bien car à ce moment là, il n’y a pas de « risque ». Mais dés lors que les leviers s’inversent, le lien entre tous les segments du marché au travers des hedge funds entraîne tout le système dans la chute : c’est ce qu’on appelle le « risque à fragmentation ».

Un problème supplémentaire apparaît car avec les dérivés de crédit, a été bâti un château de cartes très sensible à l’effet domino déclenché. La différence entre créanciers et débiteurs s’efface, les débiteurs se retrouvent être les créanciers d’autres débiteurs, qui eux mêmes ont distribué du crédit à d’autres, et ainsi de suite. C’est en même temps le mécanisme pour la multiplication providentielle de l’argent. Car lorsque les acteurs du marché prennent un nouveau prêt, ce prêt devient un capital de réserve pour accorder un nouveau prêt à quelqu’un d’autre. Ainsi une spirale encore plus grande se met en marche. Plus il y a de nouveaux crédits accordés, plus il faut en assurer les risques avec des dérivés de crédit, et ces nouvelles liquidités appellent à l’émission de crédits supplémentaires.

Comme ils disent, tant que la bulle spéculative peut gonfler, tant que l’émission de crédit augmente, tout va bien (au moins dans le domaine monétaire, mais pas dans l’économie réelle qui a été sacrifiée dans le processus). Mais si, comme maintenant, la basse qualité du marché hypothécaire crée une rupture, et que la pompe à fric du « yen carry trade » s’assèche, un processus de levier inversé s’enclenche et met fin à toutes les illusions. Nous assistons ici à un phénomène psychologique du plus grand intérêt, où l’avidité sans borne se transforme quasiment du jour au lendemain en anxiété sans limite. Si personne ne croît que l’empereur a de nouveaux habits, tout le monde voit qu’il est nu.

Dés lors que les hypothèques subprime, regroupées en des titres financiers avec taux d’intérêts appelés CDO, s’effondrent, les banques et les institutions financières ne peuvent plus prêter ou emprunter sur la base de ces CDO qui servent de réserve de capitaux ou d’assurance collatéralle. En conséquence, la vague mondiale de liquidités s’est asséchée. Une autre conséquence est apparue lorsque les banques ont éprouvé des difficultés à financer le rachat de Chrysler par Cerberus (le fonds vautour qui porte bien son nom - celui du chien qui gardait la porte de l’enfer). Il est arrivé la même chose à KKR qui tente de racheter la chaîne de pharmacie britannique Alliance Boots.

Où en sommes nous ? Est ce que ceux qui pensent qu’une simple correction des marchés et quelques pertes sont nécessaires avant que les banquiers centraux et les pouvoirs en place reprennent le contrôle, ont raison ?

Il est intéressant qu’une lettre française d’information financière « non orthodoxe » demandant en titre « krach boursier : pouvez-vous toujours y échapper ? », réponde « Je ne le pense pas. Cette fois-ci, la crise est trop profonde et l’inquiétude bien installée (...) cette fois-ci, l’alerte sur les marchés du crédit est d’une ampleur sans précédent. Longtemps minimisée, sa gravité se découvre chaque jour un peu plus. (...) le phénomène en cours marque la fin d’une époque, celle de l’illusion d’une liquidité mondiale inépuisable ».

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