Ete 2009 - Debut du pire
GEAB N°32 est disponible! 4° trimestre 2009 - Début de la phase 5 de la crise systémique globale : la phase de dislocation géopolitique mondiale
Depuis Février 2006, LEAP/E2020 avait estimé que la crise systémique
globale se déroulerait selon 4 grandes phases structurantes, à savoir
les phases de déclenchement, d'accélération, d'impact et de
décantation. Ce processus a bien décrit les évènements jusqu'à
aujourd'hui. Mais notre équipe estime dorénavant que l'incapacité des
dirigeants mondiaux à prendre la mesure de la crise, caractérisée
notamment par leur acharnement depuis plus d'un an à en traiter les
conséquences au lieu de s'attaquer radicalement à ses causes, va faire
entrer la crise systémique globale dans une cinquième phase à partir du
4° trimestre 2009 : la phase dite de dislocation géopolitique mondiale.
Selon LEAP/E2020, cette nouvelle phase
de la crise sera ainsi façonnée par deux phénomènes majeurs organisant
les évènements en deux séquences parallèles, à savoir :
A. Deux phénomènes majeurs :
1. La disparition du socle financier (Dollars + Dettes) sur l'ensemble de la planète
2. La fragmentation accélérée des intérêts des principaux acteurs du système global et des grands ensembles mondiaux
B. Deux séquences parallèles :
1. La décomposition rapide de l'ensemble du système international actuel
2. La dislocation stratégique de grands acteurs globaux.
Nous avions espéré que la phase de décantation permettrait aux
dirigeants du monde entier de tirer les conséquences de l'effondrement
du système qui organise la planète depuis la fin de la Seconde Guerre
Mondiale. Hélas, à ce stade, il n'est plus vraiment permis d'être
optimiste en la matière (1). Aux Etats-Unis comme en Europe, en Chine
ou au Japon, les dirigeants persistent à faire comme si le système
global en question était seulement victime d'une panne passagère et
qu'il suffisait d'y ajouter quantité de carburants (liquidités) et
autres ingrédients (baisse de taux, achats d'actifs toxiques, plans de
relance des industries en quasi-faillite,…) pour faire repartir la
machine. Or, et c'est bien le sens du terme de « crise systémique
globale » créé par LEAP/E2020 dès Février 2006, le système global est
désormais hors d'usage. Il faut en reconstruire un nouveau au lieu de
s'acharner à sauver ce qui ne peut plus l'être.
Evolution des commandes à l’industrie au cours du 4° trimestre 2008 (Japon, Etats-Unis, zone Euro, Royaume-Uni, Chine, Inde) - Sources : MarketOracle / JPMorgan
L'Histoire n'étant pas particulièrement patiente, cette cinquième phase
de la crise va donc entamer ce processus de reconstruction mais de
manière brutale, par la dislocation complète du système préexistant. Et
les deux séquences parallèles, décrites dans ce GEAB N°32, qui vont
organiser les évènements promettent d'être particulièrement tragiques
pour plusieurs grands acteurs mondiaux.
Selon LEAP/E2020, il ne reste plus
qu'une toute petite fenêtre de tir pour tenter d'éviter le pire, à
savoir les quatre mois à venir, d'ici l'été 2009. Très concrètement, le
Sommet du G20 d'Avril 2009 constitue selon notre équipe la dernière
chance pour réorienter de manière constructive les forces en action,
c'est-à-dire avant que la séquence cessation de paiement du
Royaume-uni, puis des Etats-Unis ne se mette en branle (2). Faute de
quoi, ils perdront tout contrôle sur les évènements (3), y compris,
pour nombre d'entre eux, dans leurs propres pays, tandis que la planète
entrera dans cette phase de dislocation géopolitique à la manière d'un
« bateau ivre ». A l'issue de cette phase de dislocation géopolitique,
le monde risque de ressembler à l'Europe de 1913 plus qu'à la planète
de 2007.
Ainsi, à force de tenter de porter sur
leurs épaules le poids toujours croissant de la crise en cours, la
plupart des Etats concernés, y compris les plus puissants, ne se sont
pas rendu compte qu'ils étaient en train d'organiser leur propre
écrasement sous le poids de l'Histoire, oubliant qu'ils n'étaient que
des constructions humaines, ne survivant que parce que l'intérêt du
plus grand nombre s'y retrouvait. Dans ce numéro 32 du GEAB, LEAP/E2020
a donc choisi d'anticiper les conséquences de cette phase de
dislocation géopolitique sur les Etats-Unis et l'UE.
Evolution de la base monétaire des Etats-Unis - (12/2002 – 12/2008) - Source US Federal Reserve / DollarDaze
Il est donc temps pour les personnes comme pour les acteurs
socio-économiques de se préparer à affronter une période très difficile
qui va voir des pans entiers de nos sociétés telles qu'on les connaît
être fortement affectés (4), voire tout simplement disparaître
provisoirement ou même dans certains cas durablement. Ainsi, la rupture
du système monétaire mondial au cours de l'été 2009 va non seulement
entraîner un effondrement du Dollar US (et de la valeur de tous les
actifs libellés en USD), mais il va aussi induire par contagion
psychologique une perte de confiance généralisée dans les monnaies
fiduciaires. C'est à tout cela que s'attachent les recommandations de
ce GEAB N°32.
Last but not least, notre équipe
considère désormais que ce sont les entités politiques (5) les plus
monolithiques, les plus « impériales », qui vont être les plus
gravement bouleversées au cours de cette cinquième phase de la crise.
La dislocation géopolitique va ainsi s'appliquer à des états qui vont
connaître une véritable dislocation stratégique remettant en cause leur
intégrité territoriale et l'ensemble de leurs zones d'influences dans
le monde. D'autres états, en conséquence, seront projetés brutalement
hors de situations protégées pour plonger dans des chaos régionaux.
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Notes:
(1) Barack Obama comme Nicolas Sarkozy ou Gordon Brown passent leur
temps à invoquer la dimension historique de la crise pour mieux cacher
leur incompréhension de sa nature et tenter de se dédouaner à l'avance
de l'échec de leurs politiques. Quant aux autres, ils préfèrent se
persuader que tout cela se règlera comme un problème technique un peu
plus grave que d'habitude. Et tout ce petit monde continue à jouer
selon les règles qu'ils connaissent depuis des décennies, sans se
rendre compte que le jeu est en train de disparaître sous leurs yeux.
(2) Voir GEAB précédents.
(3) En fait il est même probable que le G20 aura des difficultés
croissantes à tout simplement pouvoir se réunir, sur fond de « chacun
pour soi ».
(4) Source : New York Times, 14/02/2009
(5) Et cela nous paraît vrai également pour les entreprises.
Dimanche 15 Février 2009