Eclatement de la bulle immobiliere en Europe, Avril 2007
Eclatement de la bulle immobilière en Europe : L'Espagne en tête, suivi de la France et du Royaume-Uni (- 10% en moyenne pour 2007)
Espagne - Comme annoncé en Novembre dernier par LEAP/E2020 (cf. GEAB N°9),
le mois de Janvier 2007 marque bien le début du retournement du marché
immobilier dans les pays européens qui ont connu une croissance des
prix à deux chiffres ces dernières années. L'Espagne ouvre très
publiquement le bal avec l'annonce par Re/Max
(1° réseau mondial d'agences immobilières franchisées) qu'ils lançaient
en Janvier des soldes d'un minimum de 5% du prix de vente (du jamais vu
en immobilier) sur plusieurs milliers de propriétés en Espagne,
prédisant parallèlement que d'ici deux à trois ans au maximum, la
moitié des 30.000 agents immobiliers espagnols auront fermé boutique du
fait de l'éclatement de la bulle immobilière dans le pays (1). Comme
l'explique Javier Serra, président de Re/Max, le marché immobilier
espagnol est en train de se retourner et ils préfèrent vendre
rapidement à prix plus faible plutôt que se retrouver dans quelques
mois avec de larges stocks d'invendus, comme c'est aujourd'hui le cas
aux Etats-Unis.
France - C'est ce qui
est en train de se passer en France également où les stocks immobiliers
grossissent rapidement alors que les prix ont commencé à baisser en fin
d'année 2006.
Evolution des prix - Source Immonot
Cette tendance est illustrée par l'effondrement du nombre d'acheteurs
provenant de la catégorie socio-professionnelle la plus porteuse du
marché, à savoir les cadres supérieurs et les professions libérales. En
effet, selon une étude de Century21 (2), la proportion des acquisitions
effectuées par des cadres supérieurs et professions libérales est
passée de 17,5% en 2004 à 16,9 % en 2005, pour s'effondrer brutalement
en 2006 en passant à seulement 9,7%. On assiste donc à une diminution
de 50% de la part de la catégorie qui effectue l'essentiel des
transactions de confort. Comme par ailleurs les investisseurs et
opérateurs anglo-saxons, qui représentaient 25% du marché parisien, se
débattent désormais avec l'éclatement de la bulle immobilière
américaine, l'immobilier français est donc bien entré dans sa phase de
retournement.
D'ailleurs, selon le BIPE
(3), le patrimoine immobilier des Français va baisser en valeur pour la
première fois depuis de nombreuses années (résultat d'une baisse
générale des prix de l'immobilier dans le pays, notamment de plus de 4%
dans l'immobilier ancien). Et selon l'Institut Xerfi, qui confirme l'imminence du krach immobilier, c'est à une baisse de 25% sur 3 ans à laquelle il faut s'attendre (4).
Pour LEAP/E2020, ces analyses sont très en-deçà de la réalité qui
touche l'immobilier français notamment à Paris. Elles sous-estiment
l'ampleur et la rapidité du phénomène. Comme notre équipe l'avait fait
en Février 2006 en pronostiquant un effondrement très rapide de
l'immobilier américain au moment où les analyses les plus pessimistes
tablaient sur un « atterrissage en douceur », nous estimons que la
situation va se dégrader de manière beaucoup plus brutale à cause des
effets cumulatifs de l'éclatement des bulles immobilières aux
Etats-Unis et sur les marchés européens (Espagne, France, Royaume-Uni),
et de l'impact hors Etats-Unis de la dépression économique américaine.
C'est donc, selon nos analyses, à une baisse de plus de 15% en 2007 que
doivent se préparer les acteurs du marché immobilier, en particulier à
Paris.
Evolution de l'activité - Source Immonot
Royaume-Uni
- En ce qui concerne le Royaume-Uni, les tendances déjà analysées dans
les derniers numéros du GEAB se confirment. L'annonce par Halifax (5)
d'une baisse de 1% des prix de l'immobilier en Décembre 2006 au
Royaume-Uni s'inscrit dans le cadre de l'impact croissant des hausses
des taux d'intérêt en Grande-Bretagne. La toute récente hausse qui
vient de prendre par surprise l'ensemble des acteurs économiques et
financiers britanniques (6) va accélérer la tendance à la baisse des
prix de l'immobilier au Royaume-Uni, prix qui vont être d'autre part
fortement influencés par la dépression américaine.
La baisse du Dollar a d'ailleurs
commencé à affecter durement les exportations britanniques vers les
Etats-Unis (7) et contribue à dégrader la balance commerciale en
affectant à court terme les industries exportatrices britanniques.
Cependant, c'est l'impact de l'éclatement de la bulle financière qui
marquera au cours du premier trimestre 2007 le retournement brutal du
marché immobilier britannique en asséchant le segment des ventes de
haut de gamme, sur Londres et le Sud-Est du pays, alimentées par les
bonus de la City. Comme partout, la brusque augmentation de
l'insolvabilité des ménages (+55,4% en un an) et des accords de
rééchelonnement de dette - IVA (+117% en un an) - sont des indicateurs qui ne trompent pas (8).
On constate ainsi de façon très paradoxale que la bulle immobilière
britannique force la Banque d'Angleterre à relever ses taux pour
essayer de « calmer » les pressions inflationnistes induites par
l'immobilier, ce qui produit un renchérissement de la Livre sterling
par rapport au Dollar US et une dégradation de la compétitivité
commerciale britannique sur le marché américain. C'était d'ailleurs le
scénario qui prévalait aux Etats-Unis au début 2006 et que la grande
majorité des analystes voyait se poursuivre pour l'année. Or tout le
monde a pu constater avec quelle rapidité le retournement s'est
produit. Et depuis l'été 2006 aux Etats-Unis, c'est l'effondrement de
l'immobilier qui fait désormais anticiper des baisses de taux par la
Réserve fédérale américaine. Pour l'équipe LEAP/E2020, le même
phénomène est à anticiper pour le premier trimestre 2007 au
Royaume-Uni.
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Notes :
(1) Source : « Re/Max: "La mitad de las agencias inmobiliarias desaparecerá en dos o tres años », Invertia, 04/01/2007
(2) Source : « 2006, un dernier tour avant l'atterrissage », Century21, 04/01/2006
(3) Source : Observatoire permanent des marchés de l'épargne et du crédit, BIPE, 13/12/2006
(4) Source : « Le krach immobilier tout proche selon l'institut Xerti », PrixImmo, 14/12/2006
(5) Source : AOLMoney, 08/01/2007
(6) Source : “Shock as UK rates rise to 5,25%”, BBC, 11/01/2007
(7) Source : « Weak dollar hits UK exports », Guardian, 10/01/2007
(8) Comparaisons 3° trimestres 2005 et 2006, pour l'Angleterre et le Pays de Galles, source : ThomasCharles, 11/2006