DOSSIER Crise Globale Mondiale - Point Novembre 2007
L’application de la directive Bâle II provoquera un feu d’artifice
23 novembre 2007 - 19:38
Le 22 novembre 2007 (LPAC) - Une source haut placée dans la finance européenne a décrit la situation actuelle comme « sans aucune comparaison dans l’histoire contemporaine ». Le système financier s’est « gelé » en août de cette année et depuis « aucune solution n’a été trouvée au problème. »
La source a également noté la pertinence de l’évaluation de LaRouche à propos du facteur potentiellement dévastateur de la situation des évictions de propriétaires résidentiels de l’état de l’Ohio aux Etats-Unis, où les juges ont empêché des évictions sur la base que les banques qui cherchaient à y procéder, y compris Deutsche Bank, étaient incapables de produire les documents prouvant que les hypothèques leur étaient dues. Il disait que « les conséquences de ces décisions juridiques sont d’une telle dimension, qu’elles sont indescriptibles ». La raison pour laquelle rien ne s’est passé jusqu’à maintenant, provient uniquement du fait que les gens ne sont pas au courant.
Nous sommes entrés dans une nouvelle phase, disait la source, où des avoirs les mieux cotés font désormais défaut, à commencer par ceux cotés AAA. « Dans chacun des conseils d’administration du monde, c’est la panique, puisque personne est capable d’anticiper les conséquences de ses actes. » La source voit une très grande turbulence à l’horizon vers la fin de l’année, où la deuxième jambe du système, le marché des actions, pourrait complètement lâcher.
Pourquoi ? Dans cette situation sans précèdent historique, des nouvelles directives pour les marchés entrent en vigueur à partir du 1 janvier 2008. Appelés Bâle II, ces directives vont remplacer les anciennes règles communautaires sur les fonds propres avec la directive sur les fonds propres réglementaires (FPR). La part des fonds propres sera revu à la baisse et tout sera basé sur des simples index de notation.
Il faut se rendre compte que ces directives furent élaborées à une époque ou personne n’envisageait que AAA serait un indicateur de risque, disait la source, et donc personne ne sait quel feu d’artifice provoquera l’application des accords Bâle II.
BRÈVES /
Le premier ministre chinois inquiet de la chute du dollar
21 novembre 2007 - 12:10
20 novembre 2007 (LPAC) - Le dollar américain et le système financier ont déjà explosés depuis deux semaines. Voici quelques éclats en plein vol suite à ces explosions.
Bien qu’il soit un peu tard pour le faire, le premier ministre chinois Wen Jiabao a prononcé une forte déclaration au sujet de la menace directe que représente l’effondrement du dollar du 19 novembre ; c’est la plus récente et venant du plus haut niveau, d’une série de déclarations alarmantes de la part des officiels chinois à propos de la chute du dollar. Wen dit : « Nous n’avons jamais été confrontés à autant de stress, » face au maintien de relations stables entre les monnaies. « Nous sommes inquiets sur la manière de préserver la valeur de nos réserves. » Selon le Financial Times, Wen était à Singapour.
Alors que le premier ministre chinois s’exprimait, la chute des devises américaines s’aggravait, suite à des rumeurs circulant sur les marchés asiatiques présumant une réunion d’urgence de la Reserve fédérale. Dès la mi-journée du 20 novembre en Europe, le dollar avait perdu presque 1 % face à l’euro, et c’est une première de tous les temps ; 1 % face au dollar canadien, et 0,61 % face au franc suisse.
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BRÈVES /
Les pertes des banques se comptent en millier de milliards
21 novembre 2007 - 12:48
Le dollar américain et le système financier ont déjà explosés. Les discussions à propos de comment la crise systémique « arrive » ne devraient pas exister - la crise est déjà là. Le krach du système basé sur le dollar provoquera l’explosion du système financier international dans son ensemble. Dèjà, des débris de la planète éclatée volent dans tous les sens, comme des astéroïdes - mais seul un idiot pourrait prétendre que les astéroïdes « vont causer » l’explosion ! La planète a explosée ! Seul un idiot ou un menteur débattrait « d’une tendance allant vers une crise à venir ». La catastrophe est maintenant.
La brève qui suit représente l’un de ces éclats :
20 novembre 2007 (LPAC) - Selon les annonces de ces derniers jours - relatives à des pertes dues à la crise financière, de la part de grandes banques - l’énorme bulle de contrats dérivés financiers tenue par les banques, évaluée de 500 000 à 700 000 milliards de dollars, ajoutée aux « pertes à effet de levier » sur les actifs de crédit, constitue le nouvel épicentre des pertes - comme le LPAC et l’EIR l’avaient prévenu, avec par conséquent un krach de plusieurs milliers de milliards de dollars face à nous.
Dans le cas le plus notable, la compagnie géante de réassurance, Swiss Re, a reconnu avoir essuyé une perte d’un milliard de dollars, venant seulement de deux contrats de dérivés connus comme des « credit swaps ». Swiss Re a refusé de nommer l’autre partie, sans nul doute une banque, à l’adresse de laquelle ces deux contrats de dérivés étaient destinés, bien que Goldman Sachs soit soupçonnée.
Le 16 novembre, l’économiste en chef de Goldman Sachs pour les Etats-Unis, Jan Hatzius, a publié une estimation effrayante des dégâts dans le système bancaire. Il prévoit que les pertes directes pour les banques américaines au cours de l’année prochaine soient de 400 milliards de dollars (une estimation très similaire venait juste d’être produite par l’économiste en chef de la Deutschebank). En supposant simplement que la moitié de ces pertes soient en actifs fortement multipliés (où le taux de dollars empruntés dans l’argent utilisé pour acheter les actifs est de 10 pour 1), Hatzius prévoit que la baisse totale dans la capacité des banques à prêter soit de 2 000 milliards de dollars. A titre de comparaison, en 2006, selon la Réserve fédérale, les prêts totaux des banques américaines aux ménages et aux sociétés non financières étaient de 3 240 milliards de dollars. En déclarant beaucoup moins que la réalité, Hatzius appelle le résultat « une récession substantielle ».
GEAB N°19 est disponible ! Les banques mondiales aspirées dans le « trou noir » de la crise financière : Les quatre facteurs déclencheurs d'une grande faillite bancaire
LEAP/E2020 estime désormais qu'au moins un grand établissement
financier américain (banque, assureur, fond d'investissement) fera
faillite d'ici Février 2008 provoquant la banqueroute de plusieurs
autres établissements financiers et banques en Europe (notamment au
Royaume-Uni), en Asie et dans les pays émergents. C'est bien un « trou
noir » financier, selon l'expression employée par Tony James (1),
président de Blackstone, qui s'est formé à partir de la crise des « subprimes » américains.
Les facteurs déclencheurs d'un tel événement sont désormais si
puissants et les signaux précurseurs si nombreux, que, selon nos
chercheurs, sa probabilité à trois mois atteint désormais près de 100%.
Il est tout aussi certain pour notre équipe que les autorités
financières américaines tenteront de mettre en place un filet
protecteur de remboursement pour éviter la contagion de la panique à
l'ensemble du système financier américain (2); mais que l'ampleur de la
faillite touchera immédiatement les institutions financières les plus
exposées aux Etats-Unis et dans le reste du monde. Les pays où les
opérateurs financiers sont les plus liés aux opérateurs financiers
américains seront donc en première ligne : Royaume-Uni, Japon, Chine en
particulier (3).
Les principaux facteurs déclencheurs sont, selon notre équipe, au nombre de quatre :
1. Réduction drastique des revenus des banques opérant aux Etats-Unis
2. Effondrement accéléré de la valeur des actifs détenus par ces mêmes
banques sous l'effet de la nouvelle réglementation bancaire US (FASB
regulation 157)
3. Fragilisation croissante des assureurs obligataires
4. Récession économique aux Etats-Unis.
Ces facteurs sont bien entendu à replacer dans le contexte général que
décrit LEAP/E2020 depuis le début de l'année 2006, à savoir la crise
systémique globale, que visiblement les dirigeants politiques,
financiers et économiques mondiaux ne font que commencer à appréhender
(4). Le fait que depuis près de deux années les banques centrales,
notamment la Réserve fédérale US et la Banque d'Angleterre, comme les
principaux opérateurs financiers, aient été systématiquement en retard
sur les évènements, laisse penser que cette fois encore ils ne
prendront la juste mesure de la crise bancaire qu'une fois un événement
majeur consommé. C'est en général le moment où il est trop tard pour
empêcher efficacement la contamination systémique.
Indice d'évolution du « Moral du Consommateur » de l'Université du Michigan (incluant Novembre 2007) – Source Réserve Fédérale de Saint Louis / LEAP/E2020
Dans ce communiqué public du GEAB N°19, LEAP/E2020 a choisi de développer son analyse de la réduction drastique des revenus des banques opérant aux Etats-Unis.
Comme analysé en détail dans le GEAB N°19, l'application de la norme
FASB 157 dès le 15 Novembre 2007 va exposer directement le bilan des
établissements financiers opérant aux Etats-Unis aux conséquences de
l'effondrement de la valeur d'une part importante de leurs actifs. Et
cette part est en accroissement constant, car la crise des « subprimes
» n'est en fait que le catalyseur d'une crise financière plus vaste
affectant désormais l'ensemble des actifs financiers américains (5).
Les différents CDOs sont dorénavant entraînés dans cette crise de
confiance généralisée, alors qu'ils constituent une part importante des
actifs bancaires, puisque ces dernières années les grandes banques sont
sorties de leur rôle de prêteur pour se lancer dans l'investissement et
la spéculation, à la manière des « hedge funds ».
Ces derniers ont d'ailleurs représenté
depuis près d'une décennie une source croissante de revenus pour les
grandes banques internationales. On se souvient encore des honoraires
faramineux que les « hedge-funds » et les fonds d'investissements
versaient aux banques ! dans le cadre de leurs multiples opérations,
dont les rachats en LBO (« Leverage Buy-Out », ou rachat à effet de levier financier), fusion-acquisitions (ou M&A, « Merger and Acquisition ») et autres introductions en bourse (IPO,
ou « Initial Public Offering »). Cette époque, pourtant pas si
lointaine (puisqu'elle s'est terminée cet été), est maintenant révolue.
Désormais les « hedge-funds » se
battent pour ne pas tomber en faillite. Les fonds d'investissement
creusent leurs pertes en tentant d'éviter d'être aspirés dans le « trou
noir financier» dont parle le patron de Blackwater (cité en
introduction de ce numéro du GEAB).
Les projets de fusion-acquisitions
sont au point mort. Ainsi, dans le secteur technologique (marché par
excellence des fusion-acquisitions), Wall Street a vu le montant des
transactions passer de 99 Milliards USD au troisième trimestre 2006 à
52 Milliards USD au troisième trimestre 2007 (soit une baisse de près
de 50%) alors que la crise du crédit n'en était encore qu'à ses débuts.
Pourtant la faiblesse du Dollar US a provoqué au troisième trimestre
2007 une frénésie d'achats européens aux Etats-Unis puisque ces
derniers ont pour la première fois dépensé autant que leurs homologues
nord-américains (6).
Le gel des LBO – Source Dealogic
Les introductions en bourse à Wall Street, qui avait mieux résisté à la
crise estivale, sont désormais repoussées « aux calendes grecques » en
attendant des jours meilleurs. Ainsi le nombre d'introductions en
bourse de plus de 1 milliard USD est passé de 8 par trimestre (au
troisième trimestre 2006) à 2 (au troisième trimestre 2007). Et ce
phénomène se renforce comme viennent par exemple de l'illustrer RWE, le producteur d'énergie allemand qui a décidé de repousser la mise en bourse de sa filiale American Water du fait de la crise du crédit aux Etats-Unis (7); ainsi que Rusal,
le géant russe de l'aluminium qui a repoussé à une date indéterminée
son introduction en bourse alors qu'elle promettait d'être la plus
importante de l'année 2007 et que les banques opératrices avaient déjà
été choisies (à savoir Morgan Stanley, JP. Morgan et Deutsche Bank)
(8).
Quand aux LBO (ces remarquables
montages financiers permettant d'acheter une entreprise en utilisant la
richesse potentielle qu'elle recèle (9)), non seulement leur marché
s'est pratiquement éteint, mais les transactions qui n'ont pas pu être
gelées ou annulées finissent au tribunal comme le montre le cas
emblématique de SallieMae, la société de prêts étudiants, et JC. Flowers
(un fonds d'investissement très actif, mais qui, pour l'anecdote, n'a
pas de site web (10)). D'ailleurs en Octobre, les LBOs n'ont représenté
que 5% des transactions de fusion-acquisitions contre 31% en Juin 2007.
Degré d'exposition des banques US aux risques liés aux produits financiers dérivés – Source Contraryinvestor
Toutes ces évolutions convergent dans la même direction, à savoir la
perte d'une source importante de revenus des banques opérant aux
Etats-Unis, qui va donc se cumuler aux conséquences de l'application de
la norme FASB 157 et de la crise des CDOs, à savoir la perte de valeur
d'une part importante de l'actif de ces mêmes banques.
En 2006 en effet, les revenus
provenant de leurs honoraires de conseils et intermédiaires pour ces
rachats, fusions, acquisitions, etc... ont constitué 27% de l'ensemble
de leurs revenus, avec la plus forte progression enregistrée depuis
sept ans (sept ans plus tôt, en 1999, nous étions à la veille de
l'explosion de la bulle Internet !). Par ailleurs, en 2006 déjà, ces
revenus avaient dû compenser les pertes générées par les premiers
effets de la crise des « subprimes ». En 2007, les pertes liées au
marché hypothécaire ont littéralement explosé par rapport à 2006, et,
comme on peut le constater, les revenus de conseils et intermédiaires
des grandes transactions financières se sont taris (11).
Nul besoin d'être un grand clerc pour
en conclure que ces banques vont connaître entre la fin 2007 et le
début 2008 une crise très grave qui va entraîner pour certaines des
pertes auxquelles elles ne pourront pas faire face. Ce que nous voyons
aujourd'hui de la crise n'est selon LEAP/E2020 que les signaux
avant-coureurs de cette crise bancaire majeure dont les autres facteurs
et les conséquences pour les investisseurs et les épargnants sont
détaillées dans le GEAB N°19.
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Notes :
(1) Tony James a utilisé cette expression pour décrire l'environnement
financier qui a conduit sa société de capital-investissement, l'une des
« merveilles » de Wall Street il y a encore peu, à afficher une perte de 113 Millions USD (source Forbes,
12/11/2007). Blackstone a été introduite en bourse l'année passée comme
d'autres méga fonds d'investissements, KKR et Fortress par exemple.
Notre équipe avait d'ailleurs prévenu au Printemps dernier que ces
introductions en bourse visaient sans aucun doute à mutualiser les
pertes à venir plutôt que les bénéfices passés. C'est désormais
confirmé.
(2) Comme c'est le déjà le cas avec le « super-conduit Paulson » (voir GEAB N°18).
(3) Pour plus de détails sur ces degrés d'exposition aux risques
financiers américains, consulter notamment les GEAB N°16, 17 et 18.
(4) C'est à dire qu'ils commencent à
peine à comprendre la nature « systémique » de la crise. Jusqu'à
présent, ils ont d'abord nié l'existence d'une crise, pour, depuis
quelques mois, la traiter comme un épisode habituel des cycles
économico-financiers.
(5) Source : Bloomberg, 13/11/2007
(6) Source : The451Group, 01/10/2007
(7) Source : YahooNews/Reuters, 14/11/2007
(8) Source : Financial Information Service, 21/09/2007
(9) Pour peu qu'on parvienne à convaincre un nombre suffisant
d'opérateurs financiers de vous prêter la somme correspondante.
(10) Source : SeekingAlpha, 25/11/2007
(11) Il faut lire sur ce sujet le remarquable article de Diana Choyleva, de Lombard Street Research, publié sur AlphaVille, 06/08/2007